dimanche 24 février 2008

"Casse-toi alors pauvre con"

Le site du journal Le Parisien a publié ce matin une vidéo intitulée les premiers pas mouvementés de Sarkozy au salon de l'agriculture. Un échange très vif entre le président français et un de ses concitoyens (un agriculteur, semble-t-il) a donné lieu à un dialogue racaille :
- A : Ah non, touche moi pas...
-S : Casse toi alors...
- A : Tu me salis...
- S : Casse toi alors pauvre con...
Ce qui m'intéresse dans ce dial c'est les spécificités linguistiques du discours. J'entends par spécificités comment les deux locuteurs se sont approprié la parole.
  • La tonalité jussive du discours : l'impératif domine les trois phrases.
  • Absence du vouvoiement.
  • Reprise de la même phrase pour S.
  • Deux attributions projetées par les deux locuteurs la saleté et la connerie.

Hors contextualisation de ce discours la tonalité jussive montre qu'il n y a pas hiérarchisation de la parole. Les deux locuteurs sont au même niveau de la puissance locutoire. Avec l'absence du vouvoiement le discours est devenu plus flou qui parle à qui?. Quant à la reprise des même phrases par le locuteur S, on est face à une insistance sur un fait déduit par le biais de l'adverbe alors. Les verbes transitifs (toucher + salir) mettent en exergue deux actants dont le deuxième subit l'action et dont le premier est un agent de cette action. Une action exprimée par la voie pronominale (se casser qui veut dire s'enfuir) et dont l'agent est celui qui "provoque" l'action en même temps en la subissant c'est un peu comme pour le verbe se laver où le sujet est à la fois le lavant et le lavé...

C'est grâce aux verbes qu'on pourrait "deviner" que l'un des deux locuteur est celui qui subit le plus l'action. A subit l'action de toucher, salir et se casser. Ainsi, On pourrait dire que S est celui qui "provoque" le plus l'action et par ailleurs S est supérieur à A dans l'acte de la locution... (enfin)

Mais loin de cette description discursive d'autres questions à méditer sont plus exhaustives :

  • Quelles sont les frontières entre la sphère de la liberté de parole et la sphère du respect?
  • Y-a-t-il aujourd'hui une place à l'autorité face à la dérive libertaire?
  • Comment peut on réformer quand on n'est pas un exemple à autrui?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tres belle analyse lingistique et sémantique de ces quatre phrases, chapeau Walid, t'est dans ton élément à ce que je vois!!Et ça te procure du plaisir on dirait.

Anonyme a dit…

Il est très intéressant de vous voir observer minutieusement à la loupe un
Français parlé dans la réalité.

D'habitude on fait l'analyse de texte d'oeuvres écrites et élaborées d'auteurs
généralement célèbres.

Ce que vous venez de faire est très nouveau et ouvre des perspectives.

C'est presque de l'ethnologie.

Anonyme a dit…

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