samedi 27 décembre 2008

De l'islamophobie en France...

Monsieur le Président, il faut aller à Notre Dame de Lorette
Monsieur le Président de la République, il faut aller à Notre Dame de Lorette ! Vous venez de prononcer un discours qui affirme avec force votre volonté de lutter contre les discriminations et votre engagement à promouvoir l’égalité de traitement.
Le 8 décembre, au moment où plus d’un million de musulmans de France s’apprêtaient à commémorer le sacrifice d’Abraham, prophète commun des trois grandes religions monothéistes de notre pays, des malfaiteurs ont profané au le cimetière militaire de Notre Dame de Lorette, dégradant cette fois-ci 500 tombes du carré musulman et, probablement aveuglés par leur haine, 20 tombes israélites adjacentes.
Ils n’en étaient pas à leur coup d’essai. Par deux fois déjà, ils s’étaient attaqués aux stèles de ces pauvres poilus morts pour la France, dont l’unique crime est d’être une preuve d’une pureté extrême la compatibilité de l’Islam et d’un attachement à la France. Car il y a bien un caractère spécifique dans cet acharnement : C’est celui de cette islamophobie qui tarde à être reconnue dans notre pays. Au cours des trois profanations, on a nommément visé la garde des sceaux, Rachida Dati et le président de la Fédération de la Grande Mosquée de Paris. Une tombe aurait même été souillée avec une tête de porc.
C’est donc bien une manifestation transparente d’un racisme antimusulman dont-il s’agit. Malheureusement rien ne garantit que cela cesse, ni dans ce cimetière difficile à surveiller, ni dans d’autres lieux symboliques d’un islam de France qui certes se cherche parfois encore, mais toujours voudrait se voir reconnaitre et considéré. L’incendie dans une mosquée de la banlieue de Lyon survenu le samedi 20 décembre dernier en est une preuve.
Deux tiers des musulmans en France ont le sentiment qu’il existe une hostilité assez forte à l’égard de leur religion. Vous pouvez les rassurer et apporter un démenti aux promoteurs de la haine et à ceux, combattants médiocres d’arrière garde, qui s’opposent à la dynamique en cours, celle qui fait que paisiblement la religion musulmane, et ceux qui y adhèrent, trouvent leur place sous l’ombre protectrice de la République. En 1990, lors de la profanation de plusieurs dizaines de tombes israélites du cimetière de Carpentras, votre prédécesseur de l’époque monsieur Mitterrand s’y était rendu pour condamner le racisme dans notre pays et l’on vit alors un grand moment de communion républicaine dénuée de tout aspect partisan.
Cette année lors des commémorations du 11 novembre vous avez innové en vous rendant à Douaumont. Pourquoi, cette année ne pas célébrer le prochain anniversaire de l’Armistice à Notre Dame de Lorette ? Ainsi, vous rendriez à la fois un hommage mérité aux dizaines de milliers de tirailleurs algériens, marocains et sénégalais morts pour la France au cours de la Grande guerre, et aussi singulièrement à ces malheureux que l’on a voulu salir à Notre Dame de Lorette. Vous marqueriez alors par un geste symbolique votre condamnation de l’islamophobie.
Madjid Si Hocine

mardi 2 décembre 2008

Emmanuel Todd, l'athéisme et la crise de la France : à méditer...


Lire Emmanuel Todd est un vrai apprentissage de l'approche transdisciplinaire dans l'analyse antropo-sociologique des sujets d'étude. Ecouter Emmanuel Todd ( je pense à son débat avec Alain Finkielkraut) c'est découvrir ce qui se cache derrière la brillance du Système et ce qui régisse la dynamique sociale en Occident. Son approche des sciences de l'Homme est universelle. C'est pour cette raison qu'elle est globale et qu'elle cerne les problématiques étudiées avec beaucoup de rigueur sans tomber dans la généralisation. Lire et écouter Todd c’est savourer de l’intelligence authentique. Je suis entrain de lire son dernier livre Après la Démocratie (Gallimard-2008). Todd analyse la crise de la démocratie française. Il n'est pas tendre avec le président Sarkozy :

"Fébrile, agressif, narcissique, admirateur des riches et de l'Amérique bushiste, incompétent en économie comme en diplomatie..." Sarkozy est le miroir de cette France en crise (je me suis toujours posé la question comment la France des Lumières peut-elle restreindre son choix à deux figures politiques UMP-S incarnant à la fois le vide des idées voire la crise). Et pour le petit fils de Paul Nizan cette crise trouve son origine dans les fonds religieux. Et là j'aimerai adresser la parole aux chantres, aux adeptes de l'athéisme dans le monde musulman lisez ce constat, ce diagnostique très objectif avant de devenir majoritaire comme c'est le cas en France : " Peut-on sérieusement mettre sur le même plan le monde réel des athées, vide d'être suprême aussitôt que l'on cesse de croire aux miracles, et l'espace métaphysique des croyants, empli d'une créature plus imaginaire encore que puissante? Mais l'histoire concrète de l'athéisme nous dit autre chose que sa justification logique: loin de mener au bien être, l'émergence d'un monde sans Dieu conduit à l'anxiété, au sentiment d'un manque. Le monde mental des êtres humains n'est pas le monde physique des sciences dures." (...) "Au delà de l'interrogation métaphysique de base, toutes les constructions idéologiques et politiques ayant pour fondement théorique l'inexistence du Ciel sont ébranlées. La disparition du paradis, de l'enfer et du purgatoire dévalorise bizarrement tous les paradis terrestres, qu'ils soient grandioses, de type stalinien, ou d'échelle plus modeste, républicain. Alors commence la quête désespérée du sens qui, banalement, va se fixer sur la recherche de sensation extrêmes (je pense à Michel Onfray et sa quête du plaisir !!!) dans des domaines historiquement répertoriés : argent, sexualité, violence - tout ce que la religion contrôlait." Bref Emmanuel Todd incombe à la victoire de l'athéisme la mort des idéologies politiques en France :"Les développements des quarante dernière années nous montrent cependant que la persistance d'une religion active sur le tiers du territoire national était restée, jusqu'au bout, nécessaire au bon fonctionnement du système idéologique français. Républicanisme, socialisme, communisme se sont en pratique définis contre un catholicisme résiduel, qui les structurait pour ainsi dire négativement. La mort de cette religion a tué comme par ricochet les idéologies modernes." Je pense que la réflexion de Todd peut nous servir de vision prospective pour revoir le genre de relation auquel on aspire pour notre religion. Ça peut servir aussi de point de départ pour réfléchir la réforme au sein même de la religion musulmane pour une théologie de la libération et non par une critique radicale externe, vaine du mécanisme systémique de la religion comme le font beaucoup de bloggeurs qui reproduisent de la zizanie intellectuelle narcissique itérative.