C'est peut être à cause des grèves des transports, ou du froid glacial, ou de l'absence de publicité pour ce film. Je ne sais pas. Dieu seul sait s'il y a d'autres causes.
Je n'ai pas aimé beaucoup ce film. Le film Khorma du même réalisateur m'a plu plus que sa dernière oeuvre .
Le film dessine la réalité sordide des marginaux de la société tunisienne. Une réalité citadine dominée par le banditisme et la violence. La ville de Tunis est sombre et triste. Lieu du crime et de la prostitution, elle n'offre que quelques moments de joie (le cortège des voitures d'un mariage à Bab Sadoun semble-t-il).
Mais cette réalité est-elle spécifique aux marginaux tunisiens? Je ne pense pas. Mais qu'est ce qui est spécifiquement tunisien dans ce film? Deux moments ont attiré mon attention ; l'indifférence et la peur des gens en regardant une jeune femme se faire violer par une bande d'ivrognes et le non recours (l'absence de confiance) aux/dans les institutions de l'Etat. La vengeance de Stoufa et de Saloua montre à quel point la relation entre nos citoyens et la loi est maladive.
Hédi Khlil a commenté brillamment le film de Saadi aujourd'hui sur les colonnes culturelles du journal La Presse : http://www.lapresse.tn/index.php?opt=15&categ=11&news=60507.
Le film de Saadi s'inscrit dans l'approche cinématographique de la gauche tunisienne. Il s'agit d'une approche fondée sur la mise en valeur du refoulé et de la crise de la société tunisienne. Le malheur des couches sociale défavorisées, l'oppression des intellectuels non conformistes et des femmes constituent la matière première de la production gauchiste. La présence de l'alcool (la fameuse Ciltéa, d'ailleurs pourquoi elle ne sponsorise pas ces films?!!!!) marque les moments de l'intrigue gauchiste.
Ce qui manque vraiment à cette intrigue c'est d'"enrichir" le scénario par le vrai langage trivial de notre arabe dialectal tunisien. Ce langage qu'on cache dès qu'on entre à la maison et qu'on pratique à volonté sur les places publiques. C'est le langage épicé de sexe et d'insulte en vers Le Maître ("Al Rab" comme le traduit Y.Seddik).
Je pense qu'on est face à une crise sous forme de poupées russes . La crise emboîtante celle de la pensée de la gauche (vaincue par le libéralisme et marginalisée après la chute du Mur) qui se rajoute à la crise emboîtée celle de la société tunisienne contemporaine. Le résultat : une production cinématographique clonée...
NB: Pour ceux qui ont vu le film. Je ne sais pas si vous avez remarqué que l'horloge de la Gare ferroviaire de Tunis a mentionné 20h00( la scène où on voyait Dhahbi et Stoufa assis devant la gare) alors que la fragmentation horaire du film mentionnait 23h00.
5 commentaires:
j'ai été aussi , hier soir:) ...j'ai detesté ce navet...je suis choquée par les images qui ne veulent pas quitter ma tetes "celle du viol collectif"...un film triste sans histoire , sans moral....sans dialogue...on est encore très loin du compte...:/
Perso, je n'ai pas pu y aller en raison des greves justement, mais je n'ai pas manqué d'oaccasion pour en parler et j'espere le voir cette semaine. Par ailleurs, si le cinéma tunisien t'interesse, une projection débat de courts métrages tunisiens est proposée demain à 15h30 à l'ENST paris (49, rue vergniaud, paris 13)
See u
belle analyse du film ... je constate aussi que la petite boulette de "languar" ne t'a pas échappé ;)
moi aussi je suis aller au film, bon c est pas à paris, mais à tunis. j ai ete vraiment, et pour de bon decu de voir le contenu de ce film midiocre et tres tres HONTEUX.... .
mon dieu! si c est les seules sujets qu il ya ds le cinema tunisien je dirai "9issma allah" mel cinema, issme7 mennou" ouffff!!
@ what about sarah:
Merci pour ta visite. Oui le film est trés noir dommage que le cinéma tunisien piétine depuis des décennies sans trouver une issue pour sortir des trois tabous : sexe, religion et politique.
@ ex blonde:
Merci pour l'information.
Dommage j'aurais aimé assisté à ce genre de projection. N'hésite pas à m'envoyer ou à publier les évenements cinélmatographiques tunisiens à Paris.
@ mils
Merci pour ta visite. La fragmentation horaire faisait partie de la trame du scénario (l'unité des temps et des lieux chers au théâtre classique)un tel "désaccord" gache un peu la pertinence des évenements.
@ anonyme:
je traduirai tes propos par le dicton arabe "a force de mettre du miel dans la marmitte le gout de la bouffe devient amère"!!!!!!!
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