samedi 8 septembre 2007

Sicko...


On ne peut pas sortir indifférent après avoir regarder le documentaire de Michael Moore Sicko. Première impression que j'ai eu après avoir vu ce film cette semaine (à deux reprises) est de l'ordre de l'émotionnel; je me sentais, pour la première fois, privilégié en vivant en France. En sortant de la salle du cinéma UGC à Châtelet Les Halles je ai senti beaucoup de tendresse envers les Français, ces êtres humains décrits dans ce documentaire comme des gens heureux, épanouis vivant sur des nuages… J'ai failli crier au visage d'une mendiante : "Souriez, Madame vous êtes en France…" (à l'instar du fameux spot publicitaire tunisien qui passe à la TV7!!!).
En prenant le métro 4 en direction de la porte de Clignancourt, je me suis libéré de la première impression en recomposant la trame d'événements qui composait le film.
Le réalisateur américain a mis en exergue les contradictions du système politico-social américain. Les contradictions entre le rêve américain et la réalité américaine entre les assurés et les non assurés (45millions) entre les urgences des soins des assurés et la lourdeur de la bureaucratie administrative des assurances maladie, entre l'Amérique et ses adversaires (France) et ses ennemis (Cuba). Tout baigne dans l'ironie et quand on parle d'ironie, on évoque sans doute la critique. La critique Moorienne de la couverture sociale en USA dépasse le cadre étroit de son anti-bushisme vers la critique du libéralisme et de la démission de l'Etat. Beaucoup d'intelligence a guidé cette critique; l'homme connaissait bien la logique de la pensée américaine. Il savait que seule le contraste de cette logique pourrait la rendre ridicule puis illogique. En emmenant des "héros" américains qui avaient participé au sauvetage des victimes de l'attaque du 11/09 se faire soigner à la Havane, Moore a poussé l'ironie à son comble. Il a su dévoiler l'arrogance de la politique américaine. Une politique fondée sur l'ingratitude vis-à-vis des personnes qui ont sacrifié leurs santés pour la nation.
L'intelligence de Michael Moore réside aussi dans le fait qu'il a su dévoiler une triste réalité sociale par le biais du rire. Ce qui a engendré en moi un sentiment très délicieux de catharsis .
Nonobstant ce sentiment j'ai pu aussi observé une certaine visée idéologique derrière le discours cinématographique du réalisateur américain. En montrant ce couple français heureux, épanoui Moore a caché (involontairement ou volontaraiment) la sordide réalité du déficit budgétaire de la sécurité sociale française.
J'ai eu l'occasion de parler avec mon médecin traitant à l'Institut Arthur Vernes (6arrondissement) au sujet de la médiocrité de leur rémunération (8€ par tête!!). Je me suis dit que Moore aurait dû parler aux généralistes français pour toucher vraiment à l'autre moitié vide du verre…
"Mes dames, messieurs, excusez moi de vous avoir opportune, je m'appelle F, j'ai 35ans je suis SDF, sans travail depuis 5ans, je sollicite votre aide pour un ticket restaurant, une pièce de monnaie…" c'est en ces termes qu'un monsieur a demandé de l'aide aux voyageurs, une autre image de l'épanouissement social français s'est dessiné dans ma pensée…
Le film de Moore m'a fait aussi pensé à la réforme de l'assurance maladie en Tunisie. Nos caisses d'assurance maladie, qui se sont enrichies par les sacrifices de nos parents et les cotisation de la population active actuelle, doivent connaitre une réforme profonde. Je pense qu'il est temps que la CNSS redevienne une caisse de la sécurité sociale et non une banque pour permettre à ses affilés des microcrédits(pour acheter des voitures populaires!!). Et j'espère que notre corps médical accepte enfin que leurs revenus soient mieux contrôlés pour le bien de la Tunisie et le bien de ses démunis et qu'ils arrêtent de penser que faire médecine rime avec faire une fortune.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

On pourrait aussi parler de ces petits vieux dont personne ne veut qui dorment sur des brancards aux urgences, ou de ces corps au bout du parcours et pour les quels la médecine est à bout de ressources, sauf la dernière que la loi lui interdit.
On pourrait parler de ces enfant gatés de la "sécu",qui consultent à n'importe quelle heure pour n'importe quel motif et qui doucement prépare la route à un système aussi libéral que le système américain,en croyant user de leur bon droit de cotisants!

Walid ben omrane a dit…

Merci beaucoup Méjid pour votre commentaire.
Sans doute on est face à un dilemme douleureux et couteux à la fois.