Laïcité et imaginaire collectif (3)

En ce qui concerne l'Islam, l'imaginaire collectif des Tunisiens a gardé une image positive de son apport à cette période. Ce n'est pas un entrave mais un déclencheur de libération de l'Homme (l'homme est digne de Dieu) et de progrès. Il a embrassé les sciences car l'Islam considérait le monde comme un univers malléable. Un univers, dans lequel la volonté de l'Homme peut s'incarner. Et surtout un univers dont la transformation est un devoir religieux. C'est pour ces diverses raisons que l'Islam rime souvent avec sciences (même au niveau conceptuel 'ulum alfiqh). Il n'y a pas de séparation et il n'ya pas de confrontation entre les deux dans nos sociétés. L'image de l'Islam dans l'imaginaire collectif des population musulmane est pratiquement la même. Ce qui explique d'ailleurs le retour vers l'acte religieux chez ces populations. Je trouve aberrant les analyses superficielles qui incombent aux chaînes satellitaires du pétrodolars l'islamisation de la population tunisienne. Or, un peuple comme le peuple Turque qui ne comprend pas l'arabe standard des chaînes satellitaires du Golf a fait la même évolution vers les idées théologiques. Les populations musulmanes gardent une image positive de leur religion. Et ça sera difficile voire impossible aujourd'hui de vouloir s'en passer de l'Islam dans n'importe quelle réforme sociale ou politique. C'est un acte vain. Il vise à lutter contre un cumul historique de représentations symboliques très profond. C'est de la masturbation intellectuelle (disait Beaudelaire dans les Curiosités esthétiques à propos d'un tableau d'Ingres) d'une élite laïque cherchant à fantasmer la réalité sans vraiment pouvoir la reproduire et la transformer.