dimanche 21 octobre 2007

Les Orientales, Napoléon

Premier recueil poétique qu'on a étudié à la Fac 9 Avril en octobre 1999: Les Orientales de Victor Hugo. C'était sous la direction de Mme Marzouki.

LUI
J'étais géant alors, et haut de cent coudées. BUONAPARTE.

I
Toujours lui ! lui partout ! - ou brûlante ou glacée,
Son image sans cesse ébranle ma pensée.
Il verse à mon esprit le souffle créateur.
Je tremble, et dans ma bouche abondent les paroles
Quand son nom gigantesque, entouré d'auréoles,
Se dresse dans mon vers de toute sa grandeur.
Là, je le vois, guidant l'obus aux bonds rapides ;
Là, massacrant le peuple au nom des régicides ;
Là, soldat, aux tribuns arrachant leurs pouvoirs ;
Là, consul jeune et fier, amaigri par des veilles
Que des rêves d'empire emplissaient de merveilles,
Pâle sous ses longs cheveux noirs.
Puis, empereur puissant, dont la tête s'incline,
Gouvernant un combat du haut de la colline,
Promettant une étoile à ses soldats joyeux,
Faisant signe aux canons qui vomissent les flammes,
De son âme à la guerre armant six cent mille âmes,
Grave et serein, avec un éclair dans les yeux.
Puis, pauvre prisonnier, qu'on raille et qu'on tourmente,
Croisant ses bras oisifs sur son sein qui fermente,
En proie aux geôliers vils comme un vil criminel,
Vaincu, chauve, courbant son front noir de nuages,
Promenant sur un roc où passent les orages
Sa pensée, orage éternel.
Qu'il est grand, là surtout ! quand, puissance brisée,
Des porte-clefs anglais misérable risée,
Au sacre du malheur il retrempe ses droits ;
Tient au bruit de ses pas deux mondes en haleine,
Et mourant de l'exil, gêné dans Sainte-Hélène,
Manque d'air dans la cage où l'exposent les rois !
Qu'il est grand à cette heure, où, prêt à voir Dieu même,
Son oeil qui s'éteint roule une larme suprême !
Il évoque à sa mort sa vieille armée en deuil,
Se plaint à ses guerriers d'expirer solitaire,
Et, prenant pour linceul son manteau militaire,
Du lit de camp passe au cercueil !

Source: http://www.poesies.net/hugoorientales.txt

3 commentaires:

Anonyme a dit…

MDR...As-tu été marqué par le poète ou le "fantastique" talent de Mme M. ? Pour ma part, j'ai bien somnolé pendant ses cours et ensuite je les ai séchés pour les passer...à la bibliothèque!

Walid ben omrane a dit…

@ annonyme, Mme Marzouki savait bien présenter son cours de poésie, en plus elle était trés active (parmi les rares profs qui écrivaient sur le tableau).
Je ne comprends pas comment tu as pu t endormir ou passer ton temps à la bibliothèque du 9 Avril; lieu de bavardage et de tumulte...
.J'ai évoqué ici le poème de V. Hugo car il coincide avec ma prochaine lecture du livre de P. De Villepin et surtout parce'qu'il met en valeur le talent poétique du jeune Hugo.

Anonyme a dit…

Désolée Walid mais je persiste et signe. Je pense que tu dois être l'un des rares à l'avoir appréciée... Soporifique, rien de neuf, paraphrase, c'est peut-être l'oeuvre qui ne l'avait pas inspirée (Les Châtiments). Je ne suis pas allée roder du côté de la biblio du 9 (repaire de drague, de farniente mais pas de boulot) mais près de notre chère Mme Leblay (Garibaldi). Et là, c'est bien calme, par contre. Le seul qui m'a marqué c'était un certain Majoul, beaucoup de finesse, de sensibilité, une manière bien à lui de vous faire apprécier un texte, et "mobile" (par rapport au côté actif que tu évoques). ça n'engage que moi évidemment, tant mieux si tu as pu apprécier cette oeuvre.