Mosquées de Jerba -II-

Nonobstant la densité territoriale des mosquées de l'île de Jerba, la plupart de ces monuments ne sont plus fonctionnels. C'est pour cette raison d'ailleurs qu'ils sont en ruine ou mal exploités (un bon terrain pour la sorcellerie). L'idée authentique des Ibadhites de rationaliser l'espace insulaire me paraît d'une grande modernité. Rationaliser l'espace veut dire donner au lieu de culte une autre fonction que celle d'un espace de prière. La mosquée chez les Ibadhites servait à superviser la cote, prévenir contre les éventuelles attaques, et surtout elle servait à aménager l'espace pour mieux organiser les différentes activités économiques et aussi subvenir aux besoins cruciaux d'eau potable de la population.

• L'exemple de la mosquée Moghzal:

La mosquée de Moghzal est située au sud-est de l'île. Bâtie sur une colline, cette mosquée a une architecture d'une petite forteresse. Les habitants de l'île se servaient de cette mosquée pour contrôler la cote sud de l'île en parallèle avec la mosquée Zid (Mosquée en ruine aujourd'hui). Tout autour de cette mosquée plusieurs citernes souterrains d'eau potable servaient à répondre aux besoins des insulaires. L'île n'est pas traversée par une rivière, elle est située à trois cent kilomètres du désert tunisien. Son climat méditerranéen ne permet pas une pluviométrie abondante. La gestion de l'eau est une donnée stratégique dans la rationalisation de l'espace insulaire (les espagnols ont perdu l'une de leur bataille en 1560 contre les Ibadites et les Turcs à Jerba à cause de la négligence du facteur de l'eau ). En ce qui concerne l'entretien de cette mosquée, les Ibadhites ont doté cette mosquée d'une sorte de ressource financier permanent par le biais d'un contrat juridique mentionnant que cette mosquée possède un nombre d'oliviers (loué aux agriculteurs de l'île) qui lui permettait l'entretien de ses murs et la sauvegarde de sa structure.