lundi 28 avril 2008

Hommage à Nizar QABBANI


Une très jolie traduction du poème "madrassat al hub", L'école de l'amour, de Nizar QABBANI par Nebil RADHOUAN parue dans la presse littéraire d'aujourd'hui.


Ton amour m’a appris à être triste

Et j’ai, depuis des siècles, besoin

D’une femme qui m’attriste

D’une femme sur les bras de laquelle je puisse pleurer

Comme un oiseau

D’une femme qui réunisse des morceaux de moi

Comme les éclats du verre brisé
***

Ton amour, ma chère, m’a appris les pires habitudes

Il m’a appris à lire la bonne aventure

Dans ma tasse de café

Des milliers de fois chaque nuit,

A essayer la médecine des herboristes

A frapper aux portes des voyantes

Il m’a appris à quitter ma maison

Pour arpenter les trottoirs

Et traquer ton visage

Sous les pluies

Et les feux des voitures

Et traquer ta robe dans celles des inconnues

Et ta silhouette

Même…même…

Dans les affiches publicitaires

Ton amour m’a appris

Comment errer des heures

A la recherche d’une crinière gitane

Qu’envieraient toutes les Gitanes

A la recherche d’un visage…d’une voix…

Qui soient tous les visages et toutes les voix.
***
Ton amour, ma chère, m’a fait entrer

Dans les cités de la tristesse

Et moi, comme toi, je ne suis jamais entré

Dans les cités de la tristesse

Jamais je ne savais

Que la larme c’est l’homme

Et que l’homme sans tristesse

N’est que souvenir d’homme.

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